Lecture : Le Meurtre du Commandeur – Haruki Murakami

Je viens de terminer les deux tomes du roman Le Meurtre du Commandeur de Haruki Murakami. Je ne suis pas critique littéraire et je saurais expliquer exactement pourquoi j’adore autant cet auteur…

La musicalité ? Je lis très lentement, vraiment très lentement, car j’aime entendre la musique des phrases de ma tête, comme si une voix me lisait le livre. Parfois je relis même plusieurs fois la même phrase, testant différentes intonations, pour essayer de deviner celle qui sonne le mieux. J’ai ainsi l’impression de me rapprocher un peu plus de l’intention de l’auteur.

Les émotions ? Pour moi, elles transparaissent dans les textes notamment par les comparaisons, cette petite image qui va faire que soudain, oui, l’émotion est là. Car elle est inscrite dans notre mémoire, nous avons déjà eu cette impression que l’on peut rattacher à la même comparaison.

Je sentais sur ma peau la brûlure de ces regards acérés, comme une lumière concentrée par une loupe.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

Mais ce que l’on retient souvent des livres de Murakami, ce qui m’emporte et me transporte « ailleurs », c’est une sorte de poésie, une poésie du quotidien qui petit à petit ouvre les portes d’un autre monde et efface la frontière entre la réalité et le rêve. J’hésite souvent à conseiller ses livres, car même si je les adore on m’a souvent dit que c’était « trop bizarre ». Ou que la personne était frustrée de « ne pas avoir compris ».
Et effectivement, je ne pourrais pas dire que « comprends » vraiment ces romans. Mais je n’ai pas besoin de comprendre pour ressentir et aimer. Et parfois, ça fait du bien, de ne pas comprendre. Comme pour nous enseigner que, au final, le plus important c’est pas de comprendre, mais de vivre.

Quelques lignes que je voudrais retenir de cette lecture :

Le juste rapport ce crée à mesure que le progresse. C’était ce qu’avait dit l’homme sans visage.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

– Où mène ce conduit ?
– Je l’ignore. Votre destination, c’est mous-même, c’est votre volonté qui la détermine.
– Mais dans ma volonté entre aussi une part de peur, dis-je. Cela me préoccupe. Ma frayeur peut fausser les choses et peut-être me faire prendre une mauvaise direction.
– Permettez-moi d’insister, mais c’est vous-même qui décidez de votre chemin. De toute façon, vous avez déjà choisi celui que vous devriez prendre. Vous avez consenti à un grand sacrifice en venant dans ce monde, vous avez traversé la rivière sur la barque. Vous ne pouvez plus reculer.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

« Le cœur est dans la mémoire, il vit en se nourrissant d’images »

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

La torche était tombée à environ un mètre de distance de là où j’avais chuté. Ma main tâtonnante finit par la retrouver. Récupérer cette lampe en plastique fut sans aucun doute l’un des grands événements de ma vie.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

J’enfilai un chemise blanche en coton tout juste repassée, et un pantalon chino kaki bien repassé. Je m’efforçai de faire face au monde réel avec le plus de courtoisie possible. Mais l’aube ne se montrait toujours pas.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

Pour moi, nul besoin d’un défi aussi compliqué […]. Car je suis gratifié de la capacité de croire. Aussi exigu et obscur que soit le lieu où je dois m’enfoncer, aussi sauvage que soi la lande désertique qu’il me faut traverser, je suis capable de croire sincèrement qu’il y a des êtres qui, quelque part, m’offrent leur assistance pour me guider.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

J’éprouve un sentiment d’extrême quiétude, comme si je contemplais une pluie ininterrompue à la surface d’une vaste étendue d’eau. Dans mon cœur, cette pluie ne cesse de tomber.

[Haruki Murakami, Le Meurtre du Commandeur]

Si vous ne connaissez pas cet auteur j’espère vous avoir donné un peu envie de le découvrir…

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